Si proche du soleil pioche autant dans *Matrix* que dans *Total Recall* ou *Un jour sans fin*. L’histoire ? David change de vie chaque matin, se réveillant dans un nouveau lit, de nouveaux draps, de nouveaux bras, sans savoir ni qui il est et d’où il vient. Il change d’amant, de famille, de carrière à chaque lever de soleil.
Un point de départ amnésique où un David sans passé va se construire une identité à partir de morceaux découverts dans une première réalité. Il va se trouver une sœur, des parents, un passé, être ausculté par Pierre Ménès (no joke) et se rendormir dans son lit. Pour se réveiller dans un autre complètement différent. Chaque nouveau matin, une recherche de qui il est, et l’objectif de retrouver la réalité numéro 1.
Quand il finit par se rendre compte que le but est vain, il sombre petit à petit dans l’extrême débauche ; une nouvelle vie à vivre c’est aussi une précédente à détruire. S’il ne meurt pas, il peut à peu près tout se permettre : à lui les nuits de club à sniffer de la coke et changer de partenaire comme de chemise, tant qu’au bout de la nuit, il dort. Un prétexte à faire n’importe quoi pour oublier sa situation malheureuse. Jusqu’à un matin où une rencontre va lui donner l’envie d’arrêter tout ça et de se battre.
Son envolée se fait à travers sa performance d’acteur et sa mise en scène intelligente. L’acteur qui incarne David, Quentin Santarelli, réussit à rendre le pathétique et la détresse du personnage avec brio, un héros perdu et hagard qui après la quête de soi, fuit et s’abandonne jusqu’à trouver ce qu’il ne pensait pas chercher. Sur un projet de ce type il faut de toute façon un personnage principal béton car tous les autres changent à chaque itération et le film n’est pas avare en nouvelles timelines. D’autant que Si proche du soleil offre très peu de dialogue et que le référent principal du spectateur, ce sont les réflexions internes de David, exprimées en voix off très régulièrement.
David, dans un réflexe presque vidéoludique, doit partir en quête de ses papiers, trouver les clés d’une voiture et partir en direction de la maison de sa sœur, tout en gérant la moitié qui occupe sa vie dans cette réalité. Ça occupe un bon morceau du film qui permet de mettre en place le concept de manière claire et le tout est décrit par ses monologues intérieurs comme s’il s’agissait de boîtes de dialogue d’un jeu vidéo, répondant à des situations. C’est après ce premier segment que le film installe un fil rouge par le biais d’une image subliminale qui va revenir, dans certaines variantes d’existence de David, avec un point commun que nous n’allons pas révéler ici. D’ailleurs, il est à noter que le final propose deux choix tout en décidant de ne pas aller au bout de la réponse que devait recevoir le héros.
C’est culotté et un peu frustrant mais pour en parler plus en détails, il faudrait spoiler et ce film est déjà difficile à trouver en salles, alors ce serait dommage de le gâcher. Car oui, avec un high concept aussi cool, un film d’art et essai du cinéma de genre, de science-fiction qui plus est, et français, ça ne court pas les rues, même si on a eu *Le règne animal* l’an dernier – ce n’est absolument pas le même budget ! -. Ce serait dommage de passer à côté de Si proche du soleil, d’autant que comme souvent avec ce type de production, sa durée est assez courte, 1h30 seulement.
On ne s’ennuie pas, le rythme tient bon. L’acteur principal, habité par son personnage entre espoir et désespoir, convainc le spectateur par un comportement et des actes particulièrement réalistes au vu de la situation. Jonglant romance et drame sans fausse note, Benjamin Rancoule ose le pari du film de science-fiction intimiste avec les moyens du bord. Même s’il est un peu lent et imparfait, on veut plus de film comme ça au cinéma !
Il ne lui manque qu’un peu de moyen pour ajouter soit du spectaculaire soit un peu de fioritures (une seule scène en costume, et des décors assez limités).